Écrire. Écrire pour de rire, écrire pour de faux, écrire pour l’autre, écrire pour soi. Écrire pour raconter une histoire, écrire pour raconter son histoire. Écrire le futile, le superflu, le superficiel. Écrire pour passer le temps. Écrire l’intime, écrire la peine, les peines. Écrire la joie, les joies, comme une irrépressible envie de crier. Écrire le beau, écrire le laid, écrire l’indicible. Écrire les petits pas, les échecs, les grandes réussites, les journées qui s’enchaînent, le chemin parcouru. Écrire l’impression que le temps va trop vite, sans lever la tête, sans réellement réaliser tout ce qui est déjà fait. Écrire combien j’ai le vertige quand finalement je vois le chemin parcouru et les difficultés surmontées. Écrire pourquoi je suis comme ça, pourquoi je suis écorchée, pourquoi je suis devenue si forte. Écrire pourquoi parfois mes réactions semblent démesurées. Écrire intimement mon histoire, dans ce que j’ai de plus profond, dans ce qui m’anime au quotidien. Dans mes luttes, mes envies, mes espoirs. Écrire pourquoi l’Autre est important, dans tout ce qu’il est et combien il m’est précieux. Écrire pourquoi en allant vers lui, je prends le risque de souffrir et celui d’être heureuse. Écrire qu’à chaque fois je m’expose et que je finis toujours plus forte. Écrire que ces blessures infligées j’en ai fait ma richesse. Écrire l’évolution, jour après jour, de ce qui me définit, dans mes limites et mes aspirations. Écrire pourquoi parfois j’ai envie de hurler au monde combien j’ai mal, combien je suis fatiguée, combien tout ça est injuste. Écrire que je veux dormir, que tout s’arrête, et qu’enfin tout aille bien. Écrire combien à chaque jour suffit sa peine, et que j’avance, jour après jour. Écrire combien je sais que ça va changer, combien je sais que ça change chaque jour. Écrire mes incohérences, parce qu’elles me définissent, dans mes bons moments, dans mes mauvais moments, dans ce qui me rend forte, dans ce qui me rend folle, dans ce qui me rend rayonnante. Écrire à l’autre, écrire à soi, écrire en soi. Écrire à mon enfant intérieur, combien je suis désolée pour ce qu’il a vécu, qu’il n’y est pour rien. Écrire que je l’ai négligé et que je veux le retrouver, le serrer dans mes bras et lui dire combien je l’aime. Écrire à mon enfant grandissant que je fais du mieux que je peux jour après jour pour l’aider à devenir adulte, autonome, doué de raison, d’esprit critique et de capacités à vivre. Lui écrire aussi que je m’excuse, parce que même si je fais ce que je peux, du mieux que je peux, j’imprime en lui des blessures qu’il me reprochera un jour. Écrire que ces blessures infligées je les comprends, parce que l’enfant que j’étais en a aussi, imprimées par mes parents qui faisaient du mieux qu’ils pouvaient. Écrire à mon enfant combien je crois en lui, combien je sais qu’il est capable de grandes réussites, à la hauteur des échecs insurmontables qu’il a l’impression de vivre. Lui écrire que même s’il ne sait pas où aller ou comment y aller, il n’y a pas de mauvais chemin, et que le sien sera forcément le bon. Lui écrire que la route ne se parcourt pas en seconde, et que chaque rythme est le bon. Écrire que je ne juge pas, parce que je ne vaux pas mieux qu’un autre, parce que je n’en ai pas le droit, parce que je ne connais pas ses blessures et ses capacités, ni le chemin parcouru qui est le sien. Écrire que je suis curieuse de l’Autre parce qu’il est différent de moi, et que par ses différences il m’enrichit. Écrire que se mettre à nu ne signifie pas être faible, que se mettre à nu demande du courage. Écrire que ce n’est pas se rendre vulnérable que de se mettre à nu, mais devenir fort parce qu’on n’a rien à cacher, qu’on s’accepte tel que l’on est, que l’on assume plus ou moins facilement qui on est. Écrire les nuances de l’humain, la force, la fragilité, la beauté, l’inconstance, l’incohérence, l’intelligence émotionnelle. Écrire la palette des émotions qui me définissent, qui me touchent, qui m’animent, qui me terrassent parfois. Écrire le manque, la solitude, cette amie parfois envahissante, le plus souvent rassurante. Écrire que pour moi être seule n’est pas un échec, plutôt la réussite de vivre en autonomie avec moi-même, sans avoir à fuir qui je suis, parce que ma compagnie m'est agréable. Écrire combien je suis précieuse à mes yeux, combien j’aime mes blessures et mon courage. Combien j’aime ce tout qui me définit, et combien je suis sereine avec les nuances de qui je suis. Écrire les jours où c’est difficile, où la tristesse me suit comme mon ombre, les jours où je me sens découragée, où je fais le dos rond parce que je sais que ça ne durera pas. Écrire cet inconfort que je ressens parfois, qui me force à évoluer, parce que ma vie devient inconfortable telle qu’elle est, que je dois changer ce qui me dérange, me faisant ainsi chaque jour évoluer pour rester en accord avec les valeurs au fond de moi. Écrire les gens qui passent dans ma vie, qui s’arrêtent, restent, repartent. Écrire que c’est comme ça, que je ne retiens pas qui ne veut pas rester, que je ne garde pas qui ne me convient pas, mais que je me sens riche de cette découverte, de ce passage, qu’il soit bref, long, plus ou moins intense. Écrire les reliefs dans mon cœur imprimés par les blessures et les joies que j’ai vécues. Écrire combien je suis reconnaissante pour tout ce que je suis, tout ce que j’ai, pour chaque leçon que j’ai tirée de toutes ces épreuves, et que je me sens riche de tout ça. Écrire que le superflu ne me touche plus autant, parce que j’ai appris ce qui était réellement important. Écrire que mon énergie est de l’or, et que je choisis où je veux l’investir. Écrire que j’ai fait de moi ma priorité. Écrire que je suis en accord avec les choix que je fais même si parfois ils me pèsent, ils sont le prolongement de mes valeurs, et même inconfortables je les assume parce qu’ils sont les miens.
Écrire que je reste fidèle à qui je suis et que ça m’est précieux.
Écrire que je ne supporte pas l’injustice, que je ressens parfois violemment à mon égard, par le biais de jalousies ou de jugements hâtifs. Écrire que je préfère être seule, fidèle à mes valeurs, que d’être mal accompagnée, par quelqu’un qui ne m’aimera pas ou ne me respectera pas à la hauteur de l’amour et du respect que j’ai pour moi, pour l’Autre. Écrire que j’ai appris à être légitime, que je suis légitime. Écrire combien je suis fière de tout ce que j’ai surmonté, et du chemin parcouru. Écrire mes amies que je définis comme ma famille, parce que je les aime et je les ai choisies. Écrire combien elles me sont précieuses, dans leurs mots et dans leurs silences, dans les temps forts et lorsque mes larmes coulent. Écrire à mes amis combien leur soutien est parfois le tuteur me permettant de ne pas m’écrouler, et que les entendre me dire que je fais tout ce qu’il faut me donne un véritable regain d’énergie quand je suis dans le doute. Écrire à mes enfants que la vie est belle telle qu’elle est, qu’il leur appartient de décider comment ils souhaitent la vivre. Écrire qu’il faut prendre des risques, se jeter à l’eau, que finalement la difficulté est une question de perspective, et qu’elle sera plus facile à surmonter que ce que l’on suppose. Écrire combien ils sont forts et que les seules limites qu’ils ont sont celles qu’ils se mettent. Écrire à mes parents qu’ils ont fait comme ils ont pu, avec force et maladresse, et qu’ils ont façonné la base de la belle personne que je suis aujourd’hui. Écrire que j’aime la musique lorsqu’elle me transporte, et que j’aime le silence pour me ressourcer. Écrire combien j’aime l’Autre et que tous les jours j’ai besoin de temps seule pour me retrouver. Écrire que s’inquiéter c’est souffrir deux fois, et que mon cœur de maman souvent s’affole parce que je me sens impuissante. Écrire l’échec, à quel point il rend fort, et mène toujours à une victoire. Écrire mes peurs qui parfois me semblent les plus fortes, et font de moi une enfant effrayée. Écrire les moments de panique, où je suis oppressée, où je me réveille en sursaut comme si je me noyais. Écrire combien la réalité est parfois brutale au réveil. Écrire mes nuits agitées, par tout ce que j’ai à penser, dans toutes les vies que je vis. Écrire la force qu’il faut pour vivre toutes ces vies. Écrire qu’il m’arrive encore trop souvent de me négliger, et de ne plus être ma priorité. Écrire que ces cinq dernières années ont été les plus difficiles, et aussi les plus riches. Elles m’ont permis de repousser mes limites, et réaliser la puissance et la ressource que j’ai en moi. Écrire combien les mots sont précieux, et qu’ils m’aident à comprendre mes maux, et alléger ce qui me pèse. Écrire pour sortir de moi ce qui occupe mon espace, pour retrouver de la légèreté, et aussi pour m’en souvenir. Écrire que j’ai envie d’être aimée, chérie, choyée. Écrire l’envie d’une connexion, de quelque chose d’évident, de complet, qui me fera vibrer. Écrire que parfois j’ai peur, et que j’ai besoin qu’on me rassure, comme lorsque j’étais petite. Écrire que la seule personne toujours présente pour moi, c’est moi, et que je ne dois jamais l’oublier. Écrire le mélange de sentiments et d’émotions que je peux ressentir dans une même journée. Écrire comment parfois je me sens anesthésiée, pour éviter de ressentir trop fort ce qui est difficile. Écrire que parfois les couleurs de ma vie sont intenses, et que ces journées là sont belles et précieuses. Écrire que j’apprécie les petits riens, qu’ils sont des bonheurs simples qui rendent la vie plus belle. Écrire combien j’aime les débats passionnants qui se font dans le respect. Écrire combien la communication est importante, vitale, pour moi. Qu’elle est mon oxygène. Écrire combien parfois un regard me touche, un son m’émerveille, un instant peut s’illuminer. Écrire l’émerveillement que je ressens dans des moments simples avec ceux qui comptent. Écrire comment ceux qui comptent sont un cadeau pour moi et combien je les aime. Écrire combien les relations dans leur globalité sont devenues compliquées, et que j’aspire à de la simplicité dans ma vie. Écrire la beauté des choses simples qui enrichissent mon quotidien. Écrire que parfois un simple mot peut illuminer ma morosité. Écrire ces regards qui en disent tant, parce que l’on se connaît et qu'on se comprend, sans avoir à parler. Écrire que parfois on peut tant communiquer, sans dire le moindre mot. Écrire la lumière de cette fin de journée que le vent fait danser dans les feuilles naissantes au printemps. Écrire la beauté cachée dans les petits plaisirs de la vie, qui la rendent si belle. Écrire le silence lors que la neige tombe, et les souvenirs qu’elle laisse dans nos âmes enfantines. Écrire parce que je le peux. Écrire les responsabilités que j’assume jour après jour, mon investissement sans faille. Écrire l’amour inconditionnel que je ressens, et qui me fait vibrer au plus profond de moi. Écrire ma culpabilité quand je vois le monde difficile dans lequel mes enfants doivent composer. Écrire que j’aime me laisser surprendre lorsque je ne planifie pas, et profite de l’instant présent. Écrire ces parenthèses, trop rares, où mon cerveau enfin est en pause. Écrire le chaos cérébral qui m’accompagne à toute heure. Écrire la charge mentale dans mon travail, ma vie de maman, ma vie de maman célibataire de deux ados en souffrance. Écrire combien des fois il est difficile de débrancher les cogitations continues et bruyantes entre mes oreilles. Écrire la violence reçue, brutale, physique, verbale. Écrire la notion de consentement, et comment elle a été bafouée. Écrire les traces, profondes gravées en moi et l’impression que c’est la normalité. Écrire l’apprentissage de la bienveillance et de la douceur, de l’autre vis à vis de moi, de moi vis à vis de moi-même. Écrire que la norme peut finalement changer et mes exigences être plus élevées. Écrire que j’ai choisi de ne pas laisser la peur me guider, que j’ai choisi de vivre. Écrire que je ne laisserai plus jamais personne prendre l’ascendant sur moi, me manipuler, me blesser intentionnellement. Écrire que parfois je suis assez, et des fois je suis trop. Écrire que parfois c'est assez et parfois c'est trop ou trop peu. Écrire que mon choix m’appartient, et qu’il est légitime.
Écrire parce que je suis. Écrire que je suis.
C'est indescriptible cette sensation de douceur à lire ce texte. Une sensation d'empathie, de ce ressentir à travers ces mots.