S'inquiéter, c'est souffrir deux fois !
- Sand Into the Wild
- 19 mai 2022
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 avr.
Encore une vérité qu'il m'a fallu quarante ans et quelques expériences douloureuses pour le comprendre. Je crois que la première fois que j'ai entendu cette réflexion, c'était dans les animaux fantastiques, où Norbert Dragonneau agit toujours avec calme, ce qui interpelle Jacob Kovalski, qui découvre tout un monde nouveau, avec émerveillement. Pour résumer, Norbert Dragonneau doit récupérer des animaux fantastiques échappés de sa valise magique, et qui par leur nature, leur taille, leurs capacités magiques, menacent de démolir la ville. Il s'agit donc d'une situation sur laquelle il n'a aucun contrôle. Il n'a pas d'autre choix que de faire avec, puisque justement il s'agit d'une situation qu'il ne maîtrise pas.
"J'ai pour philosophie que s'inquiéter c'est souffrir deux fois." Voilà ce qu'il dit à Jacob Kovalski. En y réfléchissant j'ai vraiment aimé cette phrase, j'y ai trouvé une vérité et une sagesse très puissantes. L'attitude de ce personnage, ce calme avec lequel il agit tout au long du film m'ont inspirée, je me suis dit que j'aimerais pouvoir être maitre de moi-même en toute circonstance, comme lui l'était face à cette situation d'urgence. Il a en plus d'autres qualités précieuses, telles que l'écoute, la curiosité et la bienveillance qui complètent cette capacité à gérer avec calme.

Je n'ai pas réalisé tout de suite, mais quand j'ai commencé à accumuler les difficultés dans ma vie, et à devoir prioriser les choses à régler, gérer, j'ai eu comme un déclic. Je ne pouvais pas m'inquiéter pour tout de toute façon, sinon mon cerveau aurait court-circuité ! Et finalement, par la force des choses, j'ai commencé à aborder les difficultés avec calme, parce que c'était la solution la moins énergivore, la moins anxiogène, et qu'il en allait de ma survie mentale. Et de l'énergie, honnêtement, j'en avais plus vraiment. Mon père a complété cette phrase, extraite de ce film, par un proverbe tibétain, qui sera peut-être plus explicite :
"Si le problème a une solution, il ne sert à rien de s'inquiéter. Mais s'il n'en a pas, alors s'inquiéter ne change rien."
Stresser peut même être un frein dans la gestion, on peut se sentir incapable de réfléchir, embourbé.e dans l'angoisse, en arriver à des troubles du sommeil, de l'appétit, des soucis de santé, qui n'aident en rien à la résolution des problèmes, mais vont plutôt en ajouter.
J'ai plusieurs fois calmé les inquiétudes de ma fille, en voici un exemple : Un matin elle se réveille en panique, son réveil n'avait pas sonné. Elle vient me réveiller, "maman j'ai raté le bus, il faut que tu m'amènes au collège, dépêche toi, je vais être en retard !!!" On aurait pu penser à la voir dans cet état que sa vie était en jeu, que si elle n'arrivait pas à l'heure, c'en était fini d'elle. Je prends le temps d'ouvrir un œil, puis les deux, j'avais peu et mal dormi en plus, ce n'était pas vraiment le matin rêvé pour rater le bus, si tant est qu'il en existe. Et ma fille me presse à nouveau, parce que vraiment les enjeux pour elle sont énormes, ce que je comprends parfaitement, elle ne tient pas à se faire remarquer, et déteste être en retard. Nous partons enfin, et sur la route elle me presse encore. Je lui explique donc que non, elle ne sera pas en retard, et qu'à me presser comme ça, tout ce qu'on pourrait y "gagner", c'est d'avoir un accident de voiture. Je lui cite donc cette phrase, "s'inquiéter, c'est souffrir deux fois", et lui explique que s'inquiéter ne changera rien à la situation : - Soit elle arrive à l'heure, et se sera inquiétée pour rien, - Soit elle arrive en retard, et s'inquiéter n'y aura rien changé.
Au final, nous sommes arrivées avec cinq minutes d'avance. Elle a eu, elle aussi ce déclic avec cette première expérience, et s'inquiète beaucoup moins, même si ce n'est pas facile.
De mon côté, dans ma vie de maman, ma vie de femme, ma vie professionnelle, j'ai beaucoup d'incertitudes quant aux prochains mois : La maison est en vente et je n'ai pas de logement à venir pour l'instant, je ne sais donc pas où nous serons, où mes enfants seront scolarisés, je reprendrai le travail dans quelques mois, sans savoir où, sans savoir comment. Bien évidement, toutes ces incertitudes sont stressantes, y compris pour mes enfants. J'ai fait le choix de ne pas m'en inquiéter, je ne dis pas que je vis au jour le jour en toute insouciance, totalement déconnectée de la réalité : Je prépare l'avenir, les dossiers nécessaires, les rendez-vous etc. Mais est-ce que m'inquiéter changera la situation ? Non. Elle pourra même ajouter du stress à mes enfants qui ont déjà tant à gérer, bien plus que ce que peut gérer un adolescent qui a un chemin de vie et une vie familiale plus traditionnels.
Au final, j'organise mes journées, j'avance tout ce que je peux dans le but que tout soit prêt en temps voulu, sans m'inquiéter au delà du raisonnable, parce que bien évidemment je reste humaine, et des fois j'ai peur de ce qu'il peut nous arriver... Et nous vivons notre vie, soudés tous les trois, nous reconstruisant comme famille, comme individus, avec douceur, bienveillance, et en nous créant des souvenirs extraordinaires. Finalement, si je ne m'inquiète pas outre mesure, est ce que je n'encourage pas par mes actes mes enfants à vivre les difficultés avec sérénité ? Est-ce que je ne deviens pas cohérente, entre mes paroles et mes actes ?
Essayez d'y penser, et soufflez un grand coup : S'inquiéter c'est souffrir deux fois. Et franchement, on n'en a pas besoin.
