Des cycles de cycles, ou l'harmonie du chef d'orchestre
- Sand Into the Wild
- 27 avr. 2022
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 oct. 2024

Je fais le constat chaque année à cette période que certains cycles sont immuables. Le renouveau printanier, le retour du soleil, les plantes qui s'éveillent, les odeurs florales, d'herbe fraîchement coupée, les chants d'oiseaux, les journées qui s'allongent. Et parmi ces cycles immuables certains évoluent, nos cycles de vie régis par ces choses qui reviennent sans cesse sans qu'on les maîtrise, et ces choses qui bougent un peu, beaucoup. Je constate chaque année à quel point j'ai évolué, à quel point je change intérieurement, tout en restant la même, en gardant ces fondamentaux qui me définissent. Ma vie est régie par des cycles, de variations différentes : cycles quotidiens, cycles hebdomadaires, eux-mêmes régis par des cycles "travail" et des cycles "vacances" où les rythmes sont différents, le cycle féminin, le cycle des saisons... Réussir à harmoniser ces différents cycles, de différents rythmes, pourrait nécessiter des qualités de chef d'orchestre pour éviter la cacophonie : toutes ces temporalités différentes avec lesquelles nous devons composer, ces contraintes, ces choix. Cet emboîtement, cette harmonisation, ça a quelque chose de fascinant si on prend le temps de l'observer. Chaque année donc, je fais le constat que le printemps revient, que la nature se réveille, inexorablement, s'adaptant aux changements qu'elle subit.

Je vois par exemple cette glycine dans le jardin, taillée court lorsque je l'ai vue la première fois, et qui a su se développer, gagner en force, au fil de ces dernières années. C'est le deuxième printemps où je vois des fleurs apparaitre, deuxième année où ces fleurs gèlent avant de pouvoir s'ouvrir. Mais malgré ces contraintes climatiques, elle continue à évoluer, à se développer.
Est-ce le cycle de la glycine qui a changé ? Le cycle des saisons ? Quoi qu'il en soit, il faudra qu'elle s'adapte pour continuer à exister.
Je subis différents cycles, que je dois harmoniser, caler, gérer au mieux, pour avancer sur mon propre chemin. De la gestion de mon emploi du temps, de celui de mes enfants, de ces impératifs, de ces impondérables, et de ces évolutions en moi, en mes adolescents, ces adultes en devenir, en pleine construction. Il y a de quoi avoir peur parfois. Il faut planifier, s'adapter, et être plutôt organisé. Finalement ces cycles que nous subissons, ne sont-ils pas eux mêmes des cycles qui évoluent ? Je suis le chef d'orchestre de ma vie, vie de femme, vie de mère, vie d'humain, je gère ces différents cycles tout en continuant à évoluer, mais mon évolution n'est-elle pas elle même cyclique ?

J'arrive en ce début de cycle printanier à une fin de cycle personnel, une page qui se tourne, une nouvelle qui commence : ce lieu de vie où nous étions une famille traditionnelle est mis en vente. C'est une fin de cycle positive, puisque quelque chose de nouveau, que j'ai choisi, va commencer. Mais cette fin de cycle est marquée par beaucoup de fatigue, de larmes, parce que pour en arriver là ça m'a couté physiquement, émotionnellement, psychiquement. Un travail de longue haleine, de plusieurs mois, un cycle en parallèle à d'autres cycles, le quotidien, les enfants, la vie.... C'est un mélange de beaucoup d'émotions, des choses qui lâchent en moi, que j'évacue, parce qu'enfin avec cette fin de cycle je peux lâcher prise. J'accueille ces émotions, elles font partie du cycle, et j'ai appris il y a peu, par mon vécu, la chose la plus difficile qui puisse être : être douce avec moi-même.
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